Le maire s'exprime au sujet de la rénovation urbaine dans les banlieues
"Les Rencontres Territoriales de la Ville, organisées à l’initiative de Fadela Amara, Secrétaire d’Etat à la Politique de la Ville, se sont tenues à Toulouse les 8, 12 et 13 novembre autour des thèmes de l’emploi, du désenclavement, et de la réussite éducative. Elles sont destinées à donner la parole aux habitants et aux acteurs des quartiers avant l’élaboration début 2008 d’un Plan pour les banlieues. J’ai clôturé ces Rencontres le 13 novembre dernier avec le Préfet et Françoise de Veyrinas, la première Adjointe au maire chargée de la Coordination des Affaires sociales et de la Solidarité. L’occasion de faire le point sur l’engagement de la Mairie en faveur de la politique de la Ville.
Lors de mes déplacements dans les quartiers, j’ai régulièrement constaté combien l’attente était grande chez les habitants de voir leurs quartiers changer. Ces Toulousains aiment leur quartier, ils y sont fortement attachés et veulent faire bouger les choses. C’est vrai les doléances sont nombreuses, notamment concernant la discrimination à l’embauche. Mais il existe aussi une forte volonté d’agir et un refus de tout fatalisme. Les habitants de ces quartiers ne veulent plus de cet assistanat aveugle trop souvent synonyme d’échec et d’impuissance. Ils veulent être partie prenante de la rénovation de leurs quartiers et prendre en main leur destinée. C’est à nous qu’il appartient, acteurs de la rénovation urbaine - au premier rang desquels le maire -, d’encourager cette énergie et de lui donner les moyens de se réaliser. Avec la Zone Franche Urbaine, nous avons obtenu des résultats exceptionnels : 2 600 emplois créés dont 39 % ont profité aux habitants des quartiers sensibles ! Des chiffres encourageants et surtout porteurs d’un impact psychologique fort. La preuve est faite que la réussite a toute sa place dans les quartiers ! Oui, il est possible de travailler ou de créer son entreprise dans des secteurs dits difficiles. Non, le chômage n’est pas une fatalité et chaque entreprise créée dans le 31100 peut faire reculer cette discrimination à l’adresse dont se plaignent les jeunes. La ZFU de Toulouse est un incontestable succès économique et social. C’est pour prolonger cette dynamique que j’ai demandé et obtenu sa prolongation jusqu’en 2011.
Pour casser la spirale de l’échec, il est également essentiel de miser sur l’éducation. Dès juin 2005, j’ai voulu que la Mairie s’investisse fortement dans le dispositif de Réussite Educative mis en place par Jean-Louis Borloo. Les premiers résultats sont là : ce dispositif a permis d’accompagner plus de 1 200 enfants de 2 à 16 ans ainsi que 560 familles toulousaines pour la seule année 2006. Plus de 40 nouveaux projets ont vu le jour pour soutenir l’éducation de la jeunesse des quartiers. En 2008, 500 enfants pourront être suivis individuellement dans leur scolarité grâce programme de Réussite Educative. Toujours dans le domaine de la solidarité, je devrais également mentionner le Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS) pour lequel 5,5 millions d’euros ont été mobilisés par la Mairie. Cela nous permet de soutenir près de 480 projets associatifs dans les quartiers pour renforcer la réussite éducative, améliorer l’habitat et le cadre de vie, venir en aide aux familles en difficulté. Ces exemples le montrent : la solidarité est au rendez-vous dans les quartiers.
Enfin, sur le volet du désenclavement, je crois sincèrement que Toulouse figure parmi les villes les plus volontaristes. Notre Grand Projet de Ville (GPV) est d’un des plus importants de France. Il concerne environ 50 000 Toulousains, soit presque un Toulousain sur 10 ! J’ai voulu que l’engagement financier soit à la hauteur des attentes : la Mairie a donc plus que triplé son soutien financier avec 150 millions d’euros mobilisés. Sur le terrain, les changements sont visibles : reconstruction de plusieurs centaines de logements, rénovation et résidentialisation de plusieurs immeubles, implantation de commerces de proximité, d’équipements et de services publics… Aujourd’hui les quartiers de Bellefontaine et de Bagatelle n’ont plus rien à voir avec ce qu’ils étaient il y a 5 ou 10 ans. Les travaux sur la rue centre au Mirail, le prolongement de la rue du Lot sur la rue Saint-Simon à Bagatelle, pour ne prendre que ces deux exemples, ont sorti ces quartiers de leur isolement. Les équipements municipaux ont été pionniers dans cette reconquête du territoire. Qu’il s’agisse d’équipements de proximité tels que l’espace enfance-famille Nougaro, la construction de la bibliothèque des Pradettes ou celle d’Empalot ou bien d’équipements plus importants comme le centre Henri Desbals ou le centre Alban Minville, nous avons toujours veillé à garder un accès satisfaisant aux services publics de proximité. Certes, beaucoup reste encore à faire pour changer le visage de ces quartiers. Mais la volonté politique est là et les habitants soutiennent nos projets. Reste la question de l’image de ces quartiers et les défis posés en matière de sécurité, deux aspects étroitement liés. Les habitants sont exaspérés, et je partage leur sentiment, par l’image déformée de leurs quartiers renvoyée au reste de la ville. L’actualité autour des émeutes urbaines a pesé lourd. Aussi graves soient-ils, ces événements ne reflètent en rien la réalité de la vie dans ces quartiers. Il faudra du temps pour corriger cette image altérée qui stigmatise l’ensemble des habitants. Par ailleurs, des progrès en matière de sécurité et de tranquillité publique sont encore à faire. Tous les habitants le savent : les principaux problèmes de délinquance sont le fait d’une minorité de personnes. La Police, présente sur le terrain, a besoin de moyens supplémentaires pour agir efficacement. J’ai écrit au mois d’octobre au Ministre de l’Intérieur pour lui demander de renforcer les effectifs de la Police Nationale sur Toulouse, démarche appuyée par le préfet de région. Car j’estime anormal que la ville la plus dynamique de France au plan démographique (+ 6 000 nouveaux habitants chaque année) voit ses effectifs de policiers stagner. Il y a aujourd’hui plus de policiers par habitant à Bordeaux et à Montpellier qu’à Toulouse. Cette situation doit être rapidement corrigée. Le droit à la sécurité dans les quartiers conditionne fortement tout succès de la politique de la Ville. Les quartiers toulousains bougent et s’intègrent de mieux en mieux dans la dynamique de la ville. Il faut continuer sur cette lancée. L’Etat a mis à notre disposition un arsenal juridique et réglementaire déjà bien fourni pour aller plus loin. Nous utiliserons tous ces outils et toutes les possibilités qu’ils offrent. Le succès de la politique de la ville passe par la capacité des différents acteurs à travailler en étroite collaboration et de manière réactive. Service de l’Etat, CAF, Education Nationale, Police, Département, Région, Agglomération et bien sûr Mairie de Toulouse, tous sont impliqués dans la politique de la ville, tous un rôle déterminant à jouer. Nous serons d’autant plus efficaces que nous jouerons la carte du décloisonnement entre nous. Pour réussir, il faut jouer collectif. Il faudra aussi du temps et de la patience pour mener à bien une métamorphose d’une telle ampleur et corriger des erreurs commises il y a plus de 40 ans."