Qui sont les abstentionnistes ?
Alors, certes, les abstentionnistes ne sont pas tous issus des quartiers populaires, mais cette si forte abstention à Bagatelle, au Mirail, à la Farouette, à Papus, témoignent d'une chose : le fossé se creuse entre les politiques et les gens, et notamment les jeunes. Pourtant, tous ces gens, avaient voté en mai dernier... L'action de la future équipe municipale, devra prendre en compte ce désarroi, qui se traduit par un rejet de l'action citoyenne la plus commune, la plus emblématique, le vote.
Une municipalité peut prendre en compte cette désespérance, et peut vivifier les quartiers, les déghétoïser. Pour cela, augmenter les effectifs de la police municipale et nationale, créer une police anti-émeute, augmenter la vidéosurveillance, ne me paraissent pas des solutions viables, et surtout correspondent à une réponse partielle : assurer la sécurité. Elles reflètent la méfiance, la peur de ces jeunes... L'action politique dans les banlieues toulousaines devra aussi et surtout être vraiment forte, concertée, créative, culturelle, sociale, urbaniste, écologique. Le futur maire aura six ans pour améliorer le quotidien de ses habitants. Espérons qu'il ne l'oubliera pas.
Voici un article de La Dépêche au sujet des abstentionnistes :
Pierre Cohen et Jean-Luc Moudenc misent beaucoup sur la mobilisation des abstentionnistes. À Toulouse, les quartiers populaires ont particulièrement boudé les urnes, dimanche dernier. Les cantons 11 et 12 (Bagatelle, Faourette, Papus, Reynerie, Mirail, etc.) ont atteint un faible taux de participation de 42 %. Cinq points de moins qu'en 2001. Et 38 % de moins que pour la dernière Présidentielle… Les quartiers populaires possèdent-ils la clé du second tour ? Pas sûr, car l'abstention répond ici à des causes profondes, comme autant de blessures ressenties par des quartiers où la désespérance la dispute à la pauvreté.
1. À quoi bon voter après la victoire de Sarkozy ?
La ruée des quartiers vers les urnes, constatée lors des élections présidentielles, a été vécue - à tort - comme une trahison. « Pendant des mois on nous a dit d'aller voter. Que Sarkozy ne passerait pas. Et il a gagné. Les élections on n'y croit plus », assène Abdel, un jeune chômeur de 23 ans, à Reynerie. Difficile apprentissage de la démocratie...
2. Maire sans pouvoir
Conséquence de la « défaite » présidentielle : beaucoup de jeunes fourbissent un raisonnement erroné que développe Mohamed, sirotant son café en compagnie de ses amis trentenaires au marché de la Faourette. « Tout se décide en haut. Les lois, c'est à Paris. Ici, ils font rien pour nous ; ils peuvent rien pour nous quand on n'a pas de travail, pas d'argent ».
3. Sentiment d'abandon
Ce sentiment que personne à Toulouse ne changera leur situation renvoie d'ailleurs les deux candidats dos-à-dos. Le premier, Jean-Luc Moudenc, parce qu'il incarne la droite, a eu des propos stigmatisant les quartiers lorsqu'il préconisa de « sortir du droit républicain » pour interpeller sans procédure les délinquants. Parce que la présence sur sa liste de Françoise de Veyrinas, même dessaisie de la politique de la ville, est devenue un frein au fil du temps. Le second, Pierre Cohen, ne jouit pas d'une cote de popularité immense dans les quartiers. « Qu'ont fait le Parti socialiste et Pierre Cohen pour nous depuis un an ? interroge un militant associatif. À part se pointer comme d'habitude à trois mois des élections parce qu'ils croient encore que les quartiers vont voter PS… » Paradoxalement, en jouant opportunément de la subvention au profit de quelque structure associative au début de la campagne, Moudenc a sans doute un peu inversé la tendance.
4. Diversité de façade
Beaucoup louée, la diversité ne s'est pas traduite - ou mal - sur les listes. Derrière Djilali Lahiani à droite « que personne ne connaît dans les quartiers », lâche, perfide, un animateur d'association, et Magyd Cherfi à gauche que « personne n'a vu dans les quartiers depuis 20 ans », lâche, perfide, le même, « Moudenc et Cohen ont voulu faire croire qu'avec un Arabe de service ils allaient nous tromper ». Il semble qu'ils aient échoué.
5. Citoyens de seconde zone
Enfin, avance Fatiha, 27 ans, en recherche d'emploi, « on ne se sent pas considérés comme des vrais citoyens. Moi j'aurais pu aller voter mais j'ai refusé : pourquoi j'irais quand mes parents n'ont pas le droit de vote ? »
source : www.ladepeche.fr